Haiti, des parlementaires américains appellent à une action urgente face aux gangs

Washington, D.C. – Mai 2025.- Dans une lettre adressée au Secrétaire d'État Marco Rubio, un groupe bipartisan de parlementaires américains – démocrates et républicains – a exprimé sa vive inquiétude face à la situation sécuritaire alarmante en Haïti. Le document met en lumière l’emprise croissante des gangs armés, notamment la coalition Viv Ansanm, qui contrôleraient aujourd’hui plus de 85 % de la capitale Port-au-Prince, tout en élargissant leur influence à des régions jusque-là relativement stables telles que Cange, Pignon et Jérémie.

Les signataires décrivent une scène de désolation où des missionnaires, travailleurs humanitaires et civils innocents vivent sous la menace constante de groupes criminels. Des témoignages recueillis auprès de professionnels de santé locaux évoquent la prise de contrôle violente de leurs infrastructures. Des habitations ont été saccagées, des églises et cliniques pillées, des équipements médicaux essentiels volés ou détruits. Deux maisons construites pour des familles déplacées auraient même été incendiées volontairement.

L’un des passages les plus poignants de la lettre relate les propos d’une résidente ayant fui vers Cange, mais qui envisage de retourner dans une zone contrôlée par les gangs. Selon elle, vivre sous leur joug pourrait offrir davantage de stabilité que l'incertitude actuelle dans les zones dites « sûres ».

Face à plus d’un million de personnes déplacées par la violence, les parlementaires estiment que la Mission multinationale de soutien à la sécurité des Nations Unies peine à contenir la crise. Ils exhortent donc le Département d’État à prendre des mesures immédiates, notamment en renforçant la protection des citoyens américains et des humanitaires sur place, en coordonnant de manière plus étroite avec les autorités haïtiennes de transition, la Police nationale et les forces internationales présentes sur le terrain.

La lettre insiste également sur la nécessité d’attaquer les causes profondes de cette insécurité en freinant le flux d’armes illicites à destination des gangs et en coupant leurs financements.

« En tant que voix principale de l’hémisphère occidental, les États-Unis ont la responsabilité d’agir de manière décisive pour atténuer cette crise humanitaire et sécuritaire », concluent les élus, se disant prêts à soutenir toute initiative du Congrès en ce sens.

Ce cri d’alarme intervient alors que la communauté internationale peine à trouver une réponse efficace à l’effondrement progressif de l'État haïtien, mettant en lumière l’urgence d’une mobilisation coordonnée pour éviter un désastre humanitaire d’ampleur régionale. Toutefois, sur le terrain, les haitiens accusent de plus en plus les Etats-Unis, le Canada, la République Dominicaine et la communauté internationale d’être les instigateurs de cette tragédie.

Jules François, Edito 24