Soutien psychologique aux rapatriés : Haïti forme ses agents de première ligne
- Edito 24
- Jul 8
- 2 min read

Ouanaminthe, juillet 2025 : Face à la recrudescence des rapatriements en provenance de la République Dominicaine, les autorités sanitaires haïtiennes, en collaboration avec l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS-Haïti), ont lancé une initiative cruciale dans le Nord-Est du pays.
Deux sessions de formation en premiers secours psychologiques ont été organisées à destination de 64 agents de santé communautaire polyvalents ainsi que de membres des brigades de la Police Nationale d’Haïti.
Objectif : doter ces intervenants de compétences essentielles pour offrir un soutien émotionnel de base aux migrants rapatriés, souvent traumatisés, vulnérables et sans repères, qui franchissent chaque jour le point frontalier d’Ouanaminthe.
Selon les responsables de l’Unité de Santé Mentale du Ministère de la Santé Publique, ces formations visent à renforcer les capacités locales pour mieux répondre à l’urgence psychosociale que vivent les personnes refoulées. Beaucoup d’entre elles ont subi des violences physiques, de l’humiliation, ou encore la séparation brutale d’avec leurs familles.
« Il ne suffit pas de les accueillir avec de l’eau et des vivres. Il faut aussi penser à leurs blessures invisibles, à leurs traumatismes », explique un formateur de l’OPS. Ces ateliers permettent donc aux agents d’identifier les signes de détresse psychologique, de savoir quoi dire — et quoi éviter — face à une personne désorientée, et de référer les cas les plus graves vers des structures spécialisées.
Un travail de terrain, au plus près de la souffrance
Le Nord-Est s’est imposé comme une zone prioritaire, en raison de l’intensité des retours de migrants observés dans cette région. Ce département frontalier constitue l’un des principaux corridors de retour des Haïtiens expulsés par les autorités dominicaines. Selon les chiffres récents de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), des milliers de personnes — hommes, femmes, enfants — traversent chaque semaine cette frontière dans des conditions souvent indignes.
Dans ce contexte, la présence de professionnels formés à la première réponse psychosociale devient une priorité de santé publique, mais aussi un impératif de respect des droits humains.
Les autorités sanitaires espèrent pouvoir étendre ces formations à d’autres départements frontaliers du pays, et former également du personnel dans les centres d’hébergement temporaires. Si la réponse actuelle est encore limitée, elle trace néanmoins un chemin vers une approche plus humaine, plus intégrée, de la gestion migratoire en Haïti.
L’initiative, saluée par plusieurs acteurs de la société civile, montre qu’au cœur même de la crise migratoire, il reste possible d’agir avec compassion, compétence et dignité
Car soigner un pays, c’est aussi prendre soin de ses citoyens les plus fragilisés.
Stacy Tertulien







Comments