Depuis plus d'une décennie, Haïti s'enlise dans une communication spectacle destructrice. Plutôt que de travailler dans la sérénité et l'engagement pour libérer notre peuple de la misère et de l'insécurité croissante, les dirigeants, tous secteurs confondus, se laissent emporter par une volonté perverse de détruire l'autre. À chaque nouvelle prise de pouvoir, l'objectif premier semble être de ternir l'image de ceux qui les ont précédés, dans une quête malsaine de validation publique. Cette stratégie, marquée par l'exploitation irresponsable des réseaux sociaux, vise à diaboliser d'anciens serviteurs de l'État, sans considération pour les conséquences néfastes sur l'image de notre nation.
L'Ambassade de la République d'Haïti aux États-Unis d'Amérique n'échappe malheureusement pas à cette dérive honteuse. La diplomatie, pilier fondamental des relations internationales, exige une rigueur et un professionnalisme que nous ne pouvons plus nous permettre de sacrifier sur l'autel de la médiocrité. Notre diplomatie ne peut être réduite à des querelles exposées sur les réseaux sociaux. En persistant dans cette voie, nous prêtons le flanc au mépris de la communauté internationale, renforçant ainsi notre isolement et notre marginalisation. Comment ne pas s'étonner que les grandes décisions concernant Haïti soient prises dans les grandes capitales occidentales, alors que même les plus petits pays de la région nous dictent désormais leur volonté ?
Il est inadmissible que le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC), au lieu de privilégier les canaux administratifs légaux, se tourne vers les réseaux sociaux pour humilier un ambassadeur de carrière qui a consacré sa vie au service de son pays. Pire encore, comment expliquer que des correspondances confidentielles, rappelant à l'Ambassade son retard dans l'acheminement des rapports financiers, se retrouvent entre les mains des médias en ligne ? Ces fuites délibérées non seulement portent atteinte à la réputation des fonctionnaires concernés, mais sont souvent fondées sur des informations fausses, contribuant ainsi à une désinformation pernicieuse.
Pour rétablir la vérité, il est essentiel de préciser que l'administration actuelle de la mission, en place depuis mai-juin 2023, s'est acquittée de ses obligations en préparant et en transmettant régulièrement les rapports requis à la Chancellerie. Les retards constatés par le passé relèvent davantage d'un manque d'organisation au sein de la Section Consulaire que d'actes de corruption. Il est facile, trop facile, de brandir l'accusation de corruption à chaque dysfonctionnement, mais cela trahit une simplification dangereuse de la réalité.
Il est temps de mettre un terme à cette pratique destructrice qui consiste à faire croire à l'opinion publique que tous les fonctionnaires sont corrompus. La réalité est tout autre : il existe des fonctionnaires intègres, dévoués, qui œuvrent quotidiennement pour l'intérêt général. Il est de notre devoir de les soutenir et de défendre leur honneur face aux attaques injustifiées.
Ivon Marie CÉLESTE
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