À l'aube d'une potentielle révocation du Premier ministre Garry Conille, la situation politique en Haïti appelle à une réflexion profonde. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), en ébullition après les récentes tensions avec le gouvernement, semble envisager toutes les options. Toutefois, il est crucial de rappeler que toute démarche visant à révoquer Conille risque d’entraîner un effondrement des compromis qui ont permis à ce gouvernement d'accéder au pouvoir, y compris les membres du CPT.
Les accords qui ont conduit à l'installation du CPT et du gouvernement actuel reposent sur des bases fragiles, souvent qualifiées d'anti-constitutionnelles. La dynamique actuelle rappelle que toute confrontation entre ces entités pourrait conduire à la caducité de ces accords, remettant en question l'ensemble de la structure politique mise en place. En effet, le cadre constitutionnel prévoit la désignation d’un président provisoire par la Cour de cassation, et non un Conseil présidentiel composé de neuf membres.
Le mécontentement du CPT, en particulier suite à l'attitude perçue comme désinvolte de Conille lors de la 79ème Assemblée générale des Nations unies, met en lumière les tensions internes. Le fait que des conseillers comme Leslie Voltaire aient été écartés de discussions cruciales témoigne de fractures qui menacent la cohésion du groupe dirigeant.
Si nous nous dirigeons vers une révocation, nous ne faisons pas que sacrifier une figure jugée indésirable ; nous risquons d'ouvrir une boîte de Pandore qui pourrait nous plonger dans une nouvelle crise institutionnelle et favoriser une mise sous tutelle directe. À une époque où le pays a plus que jamais besoin de stabilité et de consensus, il est impératif que toutes les parties prenantes privilégient le dialogue et la collaboration plutôt que des mesures punitives.
La responsabilité de maintenir le cap repose, d’une part, sur les épaules du CPT, qui doit choisir entre la confrontation et la construction d'un avenir commun, et d’autres parts au Cabinet de Conille qui doit se conformer au respect des principes constitutionnels. Haïti mérite mieux.
Edito 24
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