La récente déclaration de la représentante de l’ONU affirmant des progrès en matière de sécurité en Haïti depuis l’arrivée des policiers kenyans laisse perplexe et inquiète. Pendant que des discours rassurants sont tenus sur les avancées réalisées, la réalité sur le terrain présente un tableau bien différent.
Cette semaine, la situation en Haïti est devenue un sujet de débat intense lors de l'interview du Premier Ministre Garry Conille avec la BBC. Le Premier Ministre, malgré ses assurances, n'a pu masquer le désastre qui se déploie sur le terrain. Le journaliste n’a pas hésité à mettre en lumière la discordance entre les affirmations du Premier Ministre et la réalité alarmante sur le terrain. Son insistance sur l'inefficacité des mesures et sur les doutes concernant les compétences du Premier Ministre Conille a révélé une fracture inquiétante entre les discours officiels et la vie quotidienne des Haïtiens.
En parallèle, la visite de Gilles Michaud, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies, et de Salvador Isabel à la base de la Mission de Soutien à la Sécurité en Haïti (MSSMH) a été l'occasion pour le commandant kenyan Otunge de vanter des « progrès » réalisés grâce à la collaboration avec la Police Nationale d’Haïti (PNH). Mais ces déclarations semblent, au mieux, être une vision déformée de la réalité. Le commandant a cité des chiffres concernant les bandits éliminés, mais sur le terrain, les images de chars blindés incendiés, des postes de police et la principale douane frontalière détruits révèlent un contexte bien plus sombre. Ganthier et Gressier sont de nouvelles communes passées sous le controle des bandits. La commune de l'Arcahaie a été attaquée ce weekend.
Les observateurs s'interrogent de plus en plus sur la validité de ces assertions. La déclaration d’Otunge ne reflète en rien les difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les Haïtiens au quotidien. La situation sécuritaire empire de jour en jour, les gangs continuent de gagner du terrain et les violences se poursuivent sans répit. Les forces de sécurité, qu'elles soient locales ou internationales, semblent peiner à établir un véritable contrôle et à rétablir un semblant de paix.
Il est crucial de souligner l'inquiétante tendance à magnifier des résultats encore invisibles pour la population haïtienne. Le décalage entre les discours de « progrès » et la réalité sur le terrain ne fait qu'accentuer le sentiment d’impuissance et d’angoisse parmi les citoyens haïtiens. La situation exige une honnêteté brutale et une évaluation rigoureuse des efforts en cours, plutôt que des discours enjolivés qui ne font qu’enferrer davantage la situation.
Le besoin urgent est une approche plus pragmatique et honnête de la part des représentants internationaux et locaux. Haïti mérite des actions concrètes et efficaces, non des déclarations évasives et des chiffres qui ne reflètent pas la dure réalité du quotidien. Il est impératif que les autorités et les partenaires internationaux reconsidèrent leurs stratégies et mettent en place des mesures réellement adaptées aux défis énormes auxquels le pays est confronté. La confiance du peuple haïtien et la crédibilité des efforts internationaux en dépendent.
Edito24
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