Sur le plan économique, les nouvelles ne sont guère plus encourageantes. L’inflation galopante, qui a atteint un taux annuel de 24,7 % en juin 2024, continue de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des Haïtiens. La dévaluation de la gourde, qui se négocie maintenant à environ 135 gourdes pour un dollar américain, exacerbe encore la situation, rendant les biens importés inabordables pour une grande partie de la population.
Face à cette crise, le Premier ministre, Dr. Garry Conille, a récemment tenu une rencontre avec des membres de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de l’Ouest (CCIO) pour discuter du redressement économique du pays. Lors de cette réunion, il a assuré aux membres du secteur privé de son engagement à restaurer le climat des affaires. « Ensemble, nous avons élaboré des initiatives stratégiques pour relancer l’économie, rétablir la sécurité et promouvoir la transparence dans les affaires. Le gouvernement reste engagé à soutenir le secteur privé dans ses efforts pour une Haïti prospère et sécurisée », a-t-il déclaré.
Cependant, beaucoup se demandent si ces initiatives seront suffisantes pour relancer une économie en berne et réduire les inégalités croissantes. En effet, la pauvreté touche désormais près de 60 % de la population, et le taux de chômage avoisine les 40 %. Le secteur agricole, qui représente environ 20 % du PIB et emploie près de 50 % de la main-d’œuvre, souffre particulièrement de l’instabilité économique et de la vulnérabilité aux catastrophes naturelles.
L’insécurité qui règne dans la capitale, où des gangs armés contrôlent de larges portions du territoire, complique encore la situation. La réalité du terrain montre que, malgré les discours et les plans stratégiques, la prospérité reste hors de portée tant que le problème sécuritaire n’est pas résolu. Les critiques pointent également du doigt la lenteur de la mise en œuvre des réformes et le manque de pragmatisme dans les actions du gouvernement. La confiance des investisseurs, cruciale pour la relance économique, reste faible en raison de l’insécurité et de l’instabilité politique persistantes.
Les entrepreneurs et les investisseurs locaux et internationaux réclament des mesures concrètes et immédiates pour améliorer la sécurité et restaurer la confiance. Des voix s’élèvent pour réclamer une approche plus inclusive, impliquant la société civile et les acteurs locaux dans le processus de décision.
Malgré ces défis, certains signes encourageants émergent. Des initiatives locales en matière de développement durable et de promotion des petites et moyennes entreprises commencent à porter leurs fruits en ignorant les réalités de la capitale. L’éducation et la formation professionnelle, carte de visite de l’échec de l’actuel chef de cabinet du Premier Ministre, sont également des axes prioritaires à repenser pour préparer les jeunes à intégrer un marché du travail en mutation.
Si les mesures annoncées par le gouvernement constituent un pas dans la bonne direction, leur succès dépendra de leur mise en œuvre efficace et de l’implication de tous les acteurs de la société. La relance économique d’Haïti ne pourra être durable qu’à condition de renforcer la résilience des populations vulnérables et de favoriser un développement équitable et inclusif. Tant que la sécurité ne sera pas rétablie, il sera difficile de prospérer dans un contexte aussi précaire
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