Ce mardi 3 septembre 2024, l'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a dévoilé une série de rapports d'enquête qui plongent au cœur d'une vaste toile de détournements et de malversations au sein des institutions haïtiennes. Les révélations sont aussi inquiétantes qu'accablantes, révélant des pratiques de corruption qui touchent divers secteurs de la gestion publique. Mais au-delà des faits exposés, une question cruciale se pose : où sont passées les instances de contrôle censées garantir la transparence et l’intégrité dans l’administration des fonds publics ?
L'absence de réaction des organes de contrôle tels que la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) durant ses opérations de pillage est particulièrement troublante. Ce tribunal, chargé d'approuver ou de désapprouver les contrats administratifs, semble avoir failli à sa mission. Où était la CSCCA pendant que des millions de gourdes étaient détournées dans des affaires comme celles révélées par l'ULCC ? Comment ces contrats et dépenses ont-ils pu passer sans l'approbation nécessaire ou, pire encore, avec une approbation douteuse ?
De même, les comptables publics affectés à chaque direction ou ministère, qui ont pour rôle de contrôler et d'autoriser les débours, semblent avoir été absents ou incompétents dans leur mission de surveillance. Leurs responsabilités sont cruciales pour éviter les abus financiers. Leur manque de vigilance ou leur possible implication dans les détournements soulèvent de sérieuses questions sur leur intégrité et leur efficacité.
Le Ministère des Finances, qui émet les chèques à partir du compte unique du Trésor, doit être également au cœur de cette crise. Les détournements révélés par les enquêtes ont nécessairement impliqué des transactions financières enregistrées par ce ministère comme dans le cas d’Aviol Fleurant. Comment ces chèques ont-ils pu être émis sans contrôle adéquat ? Quels mécanismes de vérification étaient en place et comment ont-ils échoué ? On a le droit de comprendre.
Ces questions montrent l’ampleur du malaise dans le système de gestion des finances publiques en Haïti. Les révélations sur le patrimoine d’Aviol Fleurant, les pratiques douteuses à l’Office National d’Assurance (ONA), les prêts controversés accordés à Mildrède Beliard et d’autres, ainsi que les affaires touchant treize diplomates haïtiens, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le système est un terrain favorable à la corruption. La finance des missions diplomatiques n’est elle pas gérer à partir de Port-au-Prince?
Ce climat de corruption généralisée appelle à une prise de conscience collective. Il est impératif que des mesures concrètes soient mises en place pour restaurer la transparence et l’intégrité dans la gestion des affaires publiques. Les autorités doivent agir avec fermeté pour rétablir la confiance dans les institutions et mettre fin aux pratiques néfastes qui sapent la stabilité et le développement du pays. Seule une réforme en profondeur et une vigilance accrue permettront de sortir Haïti de ce cycle de corruption et de mauvaise gestion.
Edito 24
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