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Haiti: la détresse ignorée

Un pays aux plaies à vif, reconnaît-on, et pourtant! La situation en Haïti est désormais un cri d’alarme étouffé, où chaque jour semble apporter son lot de violences, de souffrances et de déceptions. Au cœur de cette crise humanitaire et sécuritaire, les Haïtiens sont pris en étau entre les gangs armés qui contrôlent désormais une grande partie du pays, et une communauté internationale qui, bien que présente depuis des décennies, semble plus indifférente que jamais à leur détresse. Tout ce qu’elle fait c’est d’empêché aux Haïtiens de prendre les choses en main et s’assurer que ça va chaque jour de mal en pis.


Cette indifférence se reflète dans l'inaction persistante et les interventions inefficaces, qui font également écho aux échecs passés de l'ONU et des États-Unis dans le pays.


Malgré les appels incessants à l'aide, la mission de sécurité multinationale déployée par l'ONU depuis 2023 peine à se déployer. Avec moins de 400 soldats sur les 2 500 prévus, elle est bien trop sous-effectuée pour faire face à l'ampleur des violences. Miroslav Jenča, haut responsable de l'ONU, a récemment souligné l'urgente nécessité de renforcer cette mission, avertissant que sans ressources supplémentaires, Haïti risque de sombrer définitivement dans l'anarchie. Pourtant, alors que l’ONU et ses partenaires demandent un soutien accru, les engagements financiers restent timides et les déploiements, lents.


La réponse de la communauté internationale a toujours été marquée par une série d'interventions, souvent militaires, qui n'ont fait qu'aggraver la situation. De 1994 à 2000, Haïti a été sous occupation internationale, sous couvert de rétablir la stabilité. Mais que reste-t-il de cette "stabilité" ? Des réformes avortées, des crimes non punis, et une population qui, au-delà de la misère matérielle, souffre d'un manque de dignité. L'introduction du choléra par les casques bleus, les violences sexuelles impunies, et l'inefficacité des programmes de reconstruction sont des cicatrices visibles de ces interventions.


Aujourd'hui, la même dynamique se répète. Le Conseil de sécurité de l'ONU, bien que conscient de la gravité de la situation, semble divisé sur la manière d'agir. Les États-Unis et l'Équateur ont proposé de transformer la mission de sécurité en une opération de maintien de la paix, mais certains membres du Conseil, comme la Chine et la Russie, rejettent cette option, soulignant qu'il n'y a pas "de paix à préserver" en Haïti. D'autres, comme le représentant haïtien au Conseil, ont exprimé leur désespoir face à cette paralysie internationale. Les Haïtiens, dans leur immense majorité, souhaitent une aide urgente, mais une aide qui ne soit pas une nouvelle forme de domination étrangère, qui n'ajoute pas à leur souffrance.


Ce manque de cohérence et de stratégie de la part de la communauté internationale est frappant. Haïti a besoin d’une aide qui respecte la souveraineté du pays, une aide qui ne soit pas motivée par des intérêts géopolitiques, mais par la volonté de permettre à un peuple de se relever. Les promesses de soutien et les belles résolutions prises au Conseil de sécurité ne suffisent plus. Il est urgent que la communauté internationale se mette enfin en phase avec les réalités du terrain, et ne se contente plus de paroles vides.


Le peuple haïtien, dans sa grande majorité, rejette une nouvelle intervention militaire. Il réclame des solutions concrètes et durables, soutenues par une véritable coopération internationale. Plutôt que de s’en remettre à une ONU qui a montré ses limites, il est temps que les nations du monde s’unissent pour créer un environnement où Haïti peut reconstruire ses institutions, restaurer son autorité et, enfin, offrir à sa population la stabilité et la dignité qu’elle mérite.


Mais cette solidarité ne peut exister sans un engagement réel et sans l'écoute des voix haïtiennes, qui ont trop longtemps été ignorées.

L’indifférence actuelle de la communauté internationale face à la tragédie haïtienne ne fait qu’alimenter la spirale de la violence et de la pauvreté. Si un changement véritable doit avoir lieu, il commencera par une reconnaissance de la responsabilité historique des puissances internationales et un changement de cap dans leur approche. Car tant que le monde continuera de détourner les yeux, Haïti, dans son désespoir, s’enfoncera davantage dans la tourmente.


Edito 24

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