Haïti–USA, entre soutien et indifférence

Alors que les États-Unis viennent de décider la déportation de plus de 500 000 Haïtiens qui vivaient légalement sur leur sol depuis près de quinze ans, une onde de choc a traversé la diaspora et les familles restées au pays. Cette décision brutale, annoncée cette semaine, jette des milliers de vies dans l’incertitude et révèle, une fois de plus, les contradictions profondes qui jalonnent la relation entre Washington et Port-au-Prince. Car, presque au même moment, une délégation sénatoriale américaine foulait le sol haïtien pour réaffirmer l’engagement des États-Unis en matière de sécurité, comme si la détresse humaine qu’ils venaient de provoquer n’existait pas.

Du 26 au 28 juin 2025, cette délégation officielle, accompagnée de l’ambassadeur Henry Wooster, a multiplié les réunions avec les autorités de transition haïtiennes, les partenaires internationaux et les responsables de la Police Nationale d’Haïti, ainsi que ceux de la Mission multinationale d’appui à la sécurité dirigée par le Kenya. Au menu : l’inquiétante dégradation sécuritaire et la montée en puissance des gangs armés qui, chaque jour, paralysent un peu plus l’État et terrorisent la population. Pourtant à Washington, on annonce que tout s'est amélioré en Haiti au moins que les Haitiens en situation de résidence temporaire aux Etats-Unis depuis plus de dix ans doivent y retourner à partir du 2 septembre 2025.

Dans un communiqué, l’ambassade américaine s’est félicitée de mobiliser le soutien mondial pour aider Haïti à combattre ces « gangs terroristes », promettant de renforcer les capacités de la PNH et de contribuer au retour à la stabilité. Mais cette main tendue en matière de sécurité paraît paradoxale, alors même que la décision de renvoyer des centaines de milliers de ressortissants expose encore davantage le pays à une pression sociale, économique et humanitaire insoutenable.

Entre la désolation, l’ingérence permanente et l’indifférence, Haïti reste piégée dans une relation amicale où les calculs géopolitiques l’emportent souvent sur l'humanité et la cohérence.

Edito 24