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Haïti-France : Vers une reconnaissance de la dette historique imposée à Haïti

  • Writer: Edito 24
    Edito 24
  • Jun 6
  • 2 min read

Le jeudi 5 juin 2025, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution symbolique appelant l’exécutif à envisager un processus de réparation pour la "double dette" imposée à Haïti il y a deux siècles. Ce texte non contraignant marque une étape importante dans la reconnaissance par la France des lourdes conséquences économiques et sociales de cette dette sur le développement de son ancienne colonie. Cette résolution survient alors qu'Haïti traverse actuellement une grave crise sécuritaire et humanitaire, accentuant le besoin d'une réponse internationale plus juste.


L’histoire de cette dette remonte à l’indépendance haïtienne, proclamée le 1er janvier 1804 après une victoire militaire contre les colons français. Cependant, en 1825, le roi Charles X de France envoie une flotte armée à Port-au-Prince avec un ultimatum : Haïti doit verser une compensation aux anciens colons pour leurs terres et esclaves perdus, sous peine de subir une guerre. Face à la menace, les autorités haïtiennes acceptent de payer une indemnité colossale.


N’ayant pas les moyens de financer cette dette, Haïti contracte des prêts à taux élevés auprès de banques françaises, engendrant ce que les historiens appellent aujourd’hui la « double dette » : une indemnité injuste doublée d’un endettement lourd. Une enquête du New York Times estime que ces paiements ont coûté entre 20 et 108 milliards d’euros à Haïti au fil du temps. Ce fardeau économique a durablement entravé le développement du pays et permis à la France, puis aux États-Unis, d'exercer une influence financière considérable sur Haïti.


Le président Emmanuel Macron avait déjà exprimé, le 17 avril 2025, la nécessité d’un travail de mémoire sur cette dette historique. Dans le prolongement de cette volonté, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’une résolution invitant le gouvernement à « étudier un processus de restitution de la double dette ». Le texte ne lie juridiquement pas l’exécutif, mais il représente un geste politique fort, notamment dans le contexte actuel d’instabilité extrême en Haïti.


Au cours des débats, plusieurs députés, de différents partis, ont insisté sur l’injustice historique de cette dette. Pierre Henriet, député du parti Horizons, a qualifié la situation de « paradoxe douloureux », soulignant l’absurdité d’un peuple d’esclaves affranchis ayant dû payer pour sa propre liberté afin d’être reconnu comme État souverain.

Cette démarche ouvre la voie à une réflexion sur la responsabilité de la France dans les difficultés historiques d’Haïti. Si elle ne débouche pas encore sur un remboursement concret, elle pourrait poser les bases d’une future restitution ou réparation, à la fois économique et symbolique.


ST/Edito24

 
 
 

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