L'annonce récente du gouvernement de Garry Conille du renouvellement de l'État d'urgence sécuritaire à Port-au-Prince tout en proclamant la réouverture des classes, illustre une incohérence criante dans la gestion de la crise sécuritaire qui étrangle la capitale haïtienne. L’Ecole, c’est la normale. Comment peut-on parler de retour à la normale dans un contexte où 80 % de la ville est sous le contrôle de bandes armées violentes, semant la terreur et massacrant la population civile, réduite à l'état d'otage dans leur propre pays?
La contradiction est flagrante. Si la situation est suffisamment grave pour justifier un état d'urgence, comment peut-on sérieusement envisager que les élèves, enseignants, et parents prennent le chemin de l'école en toute sérénité? Le décalage entre la réalité du terrain et les déclarations officielles ne fait que souligner l'incapacité, voire la déconnexion totale du gouvernement face à la crise. On assiste ainsi à une gestion purement cosmétique de la sécurité, où les actions se limitent à des annonces, des tweets, et de rares interventions policières accompagnées de blogueurs en quête de visibilité. Ces opérations spectaculaires, mais dénuées d'efficacité, n'ont conduit ni à la reprise d'un seul centimètre de territoire, ni à l'arrestation de l'un des criminels qui maintiennent Port-au-Prince sous leur joug.
L'État, dans ce contexte, se contente de dilapider des milliards de gourdes dans une rentrée scolaire vouée à l'échec, au lieu de les investir dans un véritable plan de reconquête des territoires perdus. Ce qui se dessine ici, c'est une politique de l'illusion, où les priorités sont détournées, laissant la population se débattre dans une insécurité croissante.
La question qui se pose alors est la suivante : s'agit-il d'incompétence crasse ou d'une entreprise délibérée de destruction systématique du pays? Garry Conille et ses acolytes, au pouvoir, ne seraient-ils pas les artisans d'un plan plus vaste visant à affaiblir les institutions haïtiennes et à précipiter le pays dans le chaos? En ignorant les véritables enjeux sécuritaires, ce gouvernement ne fait que précipiter Haïti dans un abîme dont les conséquences seront irréversibles, comme l’avait fait Ariel Henry et Emelie Prophète par deux ans d’inaction systématique.
Face à cette réalité, il est urgent de remettre en question la légitimité et la compétence de ceux qui prétendent gouverner, alors qu'ils semblent plus occupés à orchestrer la chute du pays qu'à assurer la sécurité et le bien-être de la population.
Edito 24
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