L'hypocrisie d'une aide alimentaire face à une situation catastrophique : la communauté internationale responsable de la crise en Haïti
La crise alimentaire en Haïti, aujourd'hui à son paroxysme, est un reflet d'une contradiction flagrante dans l'approche de la communauté internationale. Tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) intensifie ses efforts pour fournir de la nourriture à plus de 5 millions de personnes, la communauté internationale demeure responsable de l'impasse dans laquelle se trouve le pays, en imposant un embargo sur l'armée et la police haïtiennes tout en permettant, de manière indirecte, l'armement croissant des gangs qui dévastent le pays.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 700 000 Haïtiens sont déplacés à cause de la violence des groupes armés, tandis que la faim touche une proportion alarmante de la population, atteignant des niveaux d'insécurité alimentaire parmi les plus élevés au monde. En novembre dernier, le PAM a servi plus de 834 000 repas chauds à des personnes déplacées, un chiffre record dans un contexte où les besoins n'ont cessé de croître. Cependant, cette aide, bien qu'indispensable, ne fait qu'atténuer temporairement une souffrance plus profonde, résultat direct d'une politique internationale incohérente et contre-productive.
Car il ne faut pas se voiler la face : la situation catastrophique de la sécurité en Haïti, qui pousse des millions de personnes à fuir leurs foyers et à vivre dans des conditions insoutenables, est le fruit d'une série de décisions politiques internationales qui ont isolé le pays sur le plan militaire et policier. Depuis des années, les Nations Unies et les puissances étrangères imposent des embargos sur les capacités de défense d'Haïti, privant ainsi le pays de la possibilité de maintenir l'ordre et d'assurer la sécurité de sa population. Simultanément, des armes et des munitions continuent d'affluer vers les gangs, alimentant une violence extrême et un pouvoir parallèle qui défie toute tentative de gouvernance stable.
Cet embargo sur la capacité d'autodéfense d'Haïti a laissé le pays à la merci de factions armées incontrôlables, qui profitent de la faiblesse de l'État pour imposer leur loi et aggraver la situation humanitaire. Pendant ce temps, la communauté internationale, par le biais du PAM, distribue des repas et fournit une aide de secours. Mais cette approche est profondément hypocrite : comment prétendre aider un peuple qui souffre de la faim sans reconnaître la responsabilité politique des acteurs internationaux dans la désintégration de l'État haïtien ?
En envoyant de l'aide alimentaire, la communauté internationale ne fait qu’atténuer les symptômes d'une maladie bien plus grave. La véritable solution à la crise haïtienne passe par une reconstitution de la force publique et de l'infrastructure de sécurité, une politique qui ne peut être réalisée sans un soutien réel, pas seulement sous forme de discours et d’assistance humanitaire.
Ainsi, il est temps que la communauté internationale assume pleinement sa part de responsabilité dans cette tragédie. Fournir de la nourriture est essentiel, mais la véritable aide consiste à permettre à Haïti de se défendre contre les gangs et de restaurer un semblant de stabilité. Une aide humanitaire qui ignore les causes profondes de la crise ne fera que maintenir la situation dans un état de dépendance chronique, empêchant le pays de sortir du cercle vicieux de l'insécurité, de la pauvreté et de la souffrance
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