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Edito de la semaine: Encore le MAE



Les révocations massives dans la diplomatie haïtienne sont inévitables pour deux raisons : au cours des quinze dernières années, les missions diplomatiques et consulaires d'Haïti ont été utilisées pour accommoder les épouses, les petites amies, et les parents incompétents de parlementaires et d'hommes politiques haïtiens influents, afin de s'assurer de leur soutien aux gouvernements de l'époque.


Aujourd'hui, ces politiciens ne valent plus rien, et il n'y a plus de parlement, rendant ces nominations-deals obsolètes. De plus, la dernière vague d'employés de ces missions aurait été placée sous conditions pécuniaires par un réseau mafieux dirigé par une femme influente du cabinet de l'ancien ministre Jean Généus. La ministre actuelle, Dominique Dupuy, est bien consciente de cette situation, ayant elle-même travaillé dans la diplomatie à cette époque. Cependant, ces réformes devraient être menées avec classe et dignité et éviter cette suite de scandales qui ternit l'image du pays aux yeux du monde.


La récente polémique entourant l'ancien ambassadeur Josué Pierre Dahomey et la riposte de la chancellerie haïtienne à travers des canaux anonymes reflète une dérive inquiétante dans la gestion des conflits au sein du Ministère des Affaires Étrangères. L'utilisation de la tactique des militants d’organisations populaires anonymes, tant par les anciens diplomates que par la chancellerie elle-même, est non seulement indigne de la fonction diplomatique, mais elle ternit également l'image de tous les protagonistes, y compris celle de la ministre en charge.


D'un côté, il est profondément regrettable de voir des diplomates révoqués, ayant autrefois représenté Haïti sur la scène internationale, s'abaisser à des attaques anonymes et à des manœuvres de bas étage pour discréditer leur ancienne institution. Le choix de se cacher derrière des pseudonymes pour lancer des accusations et des critiques infondées contre la ministre Dominique Dupuy est une méthode lâche, qui ne sert qu'à alimenter la méfiance et la division au sein de la société haïtienne. Ces anciens diplomates, en adoptant une telle approche, renient les principes de réserve et de responsabilité qui devraient guider toute action publique.


Cependant, la réponse de la chancellerie n'est guère plus glorieuse. En choisissant d'emprunter la même voie de l'anonymat pour riposter, le Ministère des Affaires Étrangères se rend coupable d'un comportement tout aussi indigne. Plutôt que de défendre ses actions et ses réformes de manière claire et assumée, il choisit de descendre dans l'arène de la diffamation anonyme, un choix qui ne fait qu'affaiblir la crédibilité de l'institution et qui est en total décalage avec les attentes d'une gouvernance moderne et responsable.


Ce double jeu est une honte pour la diplomatie haïtienne. La diplomatie, par essence, repose sur le dialogue, la négociation et la recherche de solutions constructives, non sur des querelles mesquines menées dans l'ombre. En se livrant à ces pratiques, tous les protagonistes de cette affaire – des anciens diplomates à la ministre Dominique Dupuy elle-même – dégradent non seulement leur propre réputation, mais aussi celle de tout le corps diplomatique haïtien.


Il est urgent que ce type de comportement cesse et que l’ensemble des acteurs impliqués dans cette polémique prenne conscience du tort qu'ils infligent à l’image de la diplomatie haïtienne. On n'est pas diplomates à vie et les choses doivent changer. Les différends internes doivent être résolus par le dialogue ouvert et la transparence, non par des stratégies de communication sournoises qui ne font que creuser davantage les fossés de méfiance.


Edito24

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