CUEH sonne l’alarme sur le processus de révision constitutionnelle

Dans un contexte marqué par l’incertitude politique et les tensions autour de la refondation institutionnelle du pays, le Conseil de l’Université d’État d’Haïti (CUEH) brise le silence. L’institution universitaire dénonce la manière dont l’Avant-projet de révision constitutionnelle a été mis en circulation, sans respect du cadre prévu par les textes fondateurs de la transition.

Alors que le Comité de Pilotage de la Conférence Nationale a publié un document en vue d’une éventuelle consultation populaire, le CUEH rappelle que ni l’Accord du 3 avril 2024 ni le Décret du 17 juillet 2024 ne prévoient une telle initiative unilatérale. Selon l’Université, ces instruments exigent la tenue préalable d’une Conférence Nationale inclusive devant rassembler divers secteurs de la vie nationale pour définir ensemble un nouveau projet de société.

Pour le CUEH, la non-réalisation de cette étape essentielle remet en question la validité du processus de réforme constitutionnelle en cours. Le Conseil critique vivement le Comité de Pilotage, qu’il accuse d’avoir outrepassé ses attributions de coordination, en s’arrogeant un rôle constituant qui ne lui revient pas. Cette démarche précipitée soulève de graves inquiétudes sur la légitimité du texte soumis.

Le Conseil questionne également la diffusion prématurée de l’Avant-projet, estimant qu’il aurait dû résulter d’un large consensus et d’une réflexion approfondie sur les nouveaux rapports à établir entre l’État et la société.

Selon lui, un projet constitutionnel sans base sociale réelle demeure vulnérable et exposé à la contestation.

Malgré ces constats alarmants, le CUEH renouvelle son engagement à participer activement au débat national. Il affirme son attachement à la légitimité du pouvoir constituant, en insistant sur le fait que toute réforme fondamentale doit s’ancrer dans des mécanismes collectifs, transparents et démocratiques 

Stacy Tertulien