Désigner un CP n’est pas un droit, mais la résultante d’un privilège temporel dans le cadre d’un compromis pour résourdre une crise. On en est plus là.
L’affaire de corruption impliquant les conseillers présidentiels Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles menace de bouleverser l’équilibre déjà précaire du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Les accusations portées contre ces individus, qui auraient réclamé 100 millions, ont jeté une ombre sur l'intégrité de l'ensemble du conseil. En réponse, l'accord du 21 décembre envisage de remplacer son représentant, une démarche qui soulève des questions fondamentales sur le droit et la légitimité de telles actions.
Le Rôle Fondamental des Conseillers Présidentiels
Les conseillers présidentiels sont investis d’une responsabilité qui dépasse leur simple nomination. Ils sont les garants d’une continuité dans la gestion des affaires de l'État, surtout en période de transition. L'idée que l'accord du 21 décembre pourrait nommer un remplaçant en cas de destitution pose un problème crucial : celui de la stabilité institutionnelle. Un tel précédent pourrait ouvrir la porte à une instabilité chronique où les conseillers seraient constamment sous la menace d'être remplacés, non pas pour des raisons de compétence ou d'intégrité, mais pour des jeux de pouvoir internes.
L'Histoire comme Guide
Pour illustrer les dangers d'un tel remplacement, l'histoire offre plusieurs exemples édifiants. Prenons le cas du gouvernement de transition en Italie après la Seconde Guerre mondiale. Lorsqu'un membre clé du gouvernement était impliqué dans des scandales ou des controverses, la tentation était grande de le remplacer rapidement pour apaiser l'opinion publique. Cependant, cette approche a souvent conduit à une instabilité accrue et à une perte de confiance de la population envers ses dirigeants.
Un autre exemple pertinent est celui des périodes de purge politique en Union Soviétique sous Staline. Les remplacements fréquents de fonctionnaires, souvent sur de simples accusations non vérifiées, ont créé un climat de peur et d'incertitude, sapant la stabilité et l'efficacité du gouvernement.
Les Implications pour Haïti
En Haïti, où les institutions sont déjà fragiles, la destitution et le remplacement précipités d’un conseiller par les membres de l'accord du 21 décembre pourraient avoir des effets délétères. Cela enverrait un signal que les institutions peuvent être manipulées par des groupes d'intérêts particuliers, ce qui minerait davantage la confiance du public.
La Nécessité d’un Processus Transparent et Juste
Il est impératif que tout processus de destitution et de remplacement soit encadré par des règles claires et justes. Un conseil présidentiel de transition doit fonctionner sur la base de principes solides et non sur des consultations internes influencées par des pressions externes ou des intérêts partisans. La consultation annoncée par Me André Michel, bien qu'importante, ne devrait pas aboutir à des décisions susceptibles de compromettre l’intégrité du CPT. Si coincés par l’enquête, Gilles et les deux autres membres parviennent à démissionner, le conseil passera à six membres et le quorum ainsi que les termes de référence amendés à l’interne. Les partis politiques doivent se concentrer à présent sur les élections.
La tentative de l'accord du 21 décembre de remplacer son représentant en cas de destitution poserait un sérieux risque pour la stabilité et l'intégrité institutionnelle. Il est essentiel de maintenir une approche qui privilégie la transparence, l’équité et la stabilité, afin de préserver la confiance du public et de garantir un gouvernement de transition fonctionnel et respecté.
Edito24
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